Edito Avril 2024
Des hôpitaux, des écoles, des universités, des municipalités et des dizaines de milliers de maisons ont été réduits en cendres. Aux bombes s’ajoute le blocage de l’aide humanitaire.
Le tapis de bombes incessant qui frappe jour et nuit la population palestinienne est accompagné d’un blocus informationnel imposé à Gaza par l’armée israélienne. Cette dernière empêche les journalistes d’entrer à Gaza tout en racontant un récit que les grands médias français reprennent en défigurant l’actualité et la réalité de ce qui se passe à Gaza.
Quelques chiffres des horreurs à Gaza : 143 cadres de santé (médecins, infirmiers, urgentistes) dont certains à l’intérieur des hôpitaux ont été assassinés par l’armée israélienne, 103 journalistes tués à Gaza, des bombes larguées sur des civils affamés faisant la queue pour récupérer un peu de nourriture et des centaines de familles entièrement disparues.
Une réalité dramatique caractérisée par des horreurs qui dépassent l’entendement et dont le but ultime est de faire disparaitre les conditions élémentaires de la vie à Gaza pour forcer les Palestiniens à l’exil.
On ne peut qu’être sidéré par l’indifférence, la partialité et la complaisance des grands médias à l’égard d’un conflit que la Cour Internationale de Justice (CIJ) a qualifié de conflit à caractère génocidaire.
Les grands médias ont traité l’actualité comme si l’histoire du conflit commençait le 7 octobre et non il y a 75 ans.
Pourtant le bilan meurtrier depuis 1948 est de taille. Rien qu’en 2021 et 2022, ainsi que du 1er janvier 2023 au 6 octobre, l’armée d’occupation a tué respectivement 349, 291 et 227 palestiniens en Cisjordanie sans que les grands médias n’en parlent.
Pourquoi les Palestiniens tués quotidiennement en Cisjordanie avant et après le 7 octobre suscitent-ils peu d’indignation ?
L’habituel des Palestiniens est laissé volontairement de côté par les grands médias français alors qu’il est soumis de façon systématique à la violence de l’occupation israélienne.
Le traitement biaisé de l’information par les grands médias français ne concerne pas que le conflit israélo-palestinien, mais aussi la liberté d’expression, d’opinion, de manifestation et du débat contradictoire.
Cette situation montre que « le quatrième pouvoir » a été affecté par l’extrême-droitisation du spectre politique et interroge sur l’enjeu démocratique et la paix dans le monde.
Abdelaziz BENABDERRAHMAN